Contexte opérationnel
Les combats au Yémen se sont poursuivis en 2018, avec une escalade dramatique fin mai lorsque les lignes de fronts à Al-Hudaydah ont commencé à progresser vers les abords de la ville. Les combats généralisés à Al-Hudaydah ont également aggravé la crise humanitaire car le blocus sur l’importation de produits essentiels a créé une pression supplémentaire sur la capacité de réponse humanitaire, contribuant à un risque continu de famine. Des épidémies de choléra ont également été signalées dans plusieurs gouvernorats. L’économie locale a souffert d’une forte inflation, de la dévaluation de la monnaie et de la pénurie de carburants, ce qui a encore réduit le pouvoir d’achat et impacté la distribution de l’aide et les efforts d’assistance.
Des affrontements ayant eu lieu dans de nombreux gouvernorats en 2018, l’accord de cessez-le-feu attendu de longue date et conclu en décembre n’a toujours pas eu l’effet souhaité.
Tendances démographiques
En 2018, près de 22,2 millions de personnes – soit plus des trois quarts de la population du pays - avaient toujours besoin d’une aide humanitaire, et pour 11,3 millions, il s’agissait d’un besoin critique d’aide d’urgence.
La population de déplacés internes a légèrement augmenté, pour atteindre 2,1 millions et comprenait plus de 89% de personnes déplacées depuis plus d’une année. Tandis que plus de 133 600 déplacés internes seraient rentrés au cours de l’année 2018, les personnes de retour ont souvent été contraintes à des déplacements secondaires en raison de la poursuite du conflit. Par exemple, le lancement de l’offensive sur Al-Hudaydah en juin a provoqué la fuite de plus de 600 000 personnes.
En plus des déplacés internes, le Yémen a accueilli environ 273 000 réfugiés et demandeurs d’asile, un chiffre qui est resté plus ou moins stable au cours de l’année. Une diminution très importante des arrivées de demandeurs d’asile au Yémen a été observée, avec environ 3 700 demandeurs d’asile nouvellement enregistrés par le HCR en 2018, contre plus de 100 000 l’année précédente. Plus de 90% des personnes provenant de la Corne de l’Afrique étaient originaires de Somalie, le reste venant notamment d’Éthiopie, d’Érythrée et de Syrie.
Chiffres clés :
- 800 000 Yéménites et 130 000 réfugiés ont bénéficié de programmes d’aides en espèces
- 700 000 personnes relevant de la compétence du HCR ont reçu des articles de secours essentiels
- 220 000 personnes ont bénéficié d’activités sanitaires communautaires de proximité et 119 000 ont bénéficié de consultations médicales
- 125 000 personnes relevant de la compétence du HCR ont reçu des kits d’abris d’urgence
Principales réalisations :
- Suite à l’épidémie de choléra de 2017, le HCR a renforcé ses efforts de prévention auprès des réfugiés et des communautés d’accueil par le biais d’un centre de traitement du choléra situé à Kharaz. Le HCR a également renforcé la formation des volontaires dans le cadre d’une réponse globale à l’échelle du système.
- Le programme de retours spontanés assistés a aidé près de 2 600 Somaliens à rentrer dans leur pays depuis le Yémen. Par ailleurs, des conseils pour le retour ont continué d’être fournis à des milliers de Somaliens par le biais de bureaux d’aide spécifiques dans le camp de Kharaz, la ville d’Al Mukalla et le quartier de Basateen à Aden.
- Grâce à 31 projets à impact rapide, le HCR a amélioré la situation des déplacés internes et des communautés d’accueil en réhabilitant des ressources locales partagées comme des marchés, des espaces communautaires, des routes et des sources d’eau.
Besoins non satisfaits
En 2018, le programme d’aides en espèces du HCR n’a pas pu couvrir tous les besoins identifiés. L’inflation galopante et la pression constante sur le HCR pour augmenter la valeur des aides en espèces (basée sur la méthodologie du panier minimum) afin qu’elles correspondent au coût croissant des biens et services essentiels ont affecté la capacité de l’opération de répondre de manière adéquate.
Les autres besoins non satisfaits ont concerné l’assistance aux ménages menacés d’expulsion ; la fourniture d’un soutien psychosocial aux personnes ayant des besoins spécifiques ; les demandes croissantes d’assistance juridique, notamment l’acquisition de documents d’état civil ; le soutien effectif aux enfants non accompagnés/non scolarisés – un phénomène croissant du fait de l’incapacité des familles de répondre à leurs besoins ; le soutien accru aux jeunes réfugiés et demandeurs d’asile pour leur offrir à la fois une formation professionnelle reconnue leur permettant d’acquérir des compétences ainsi que des loisirs ; des projets communautaires (notamment des projets à impact rapide visant à améliorer les services de base pour les déplacés internes) et, dans le cas des réfugiés/communautés d’accueil, pour encourager une meilleure cohésion sociale.