Global
Le Rapport Global présente le travail du HCR en 2021 pour protéger et améliorer la vie de dizaines de millions de personnes relevant de sa compétence — réfugiés et demandeurs d'asile, rapatriés, déplacés internes, apatrides, et autres personnes relevant de sa compétence. Le Rapport souligne les progrès réalisés ainsi que les défis auxquels l'organisation et ses partenaires ont été confrontés dans leurs efforts pour répondre à des crises graves et multiples ainsi qu'à des besoins humanitaires sans cesse croissants.
L'histoire de Tiliphonsa
Lundi 6h00 du matin. 2010.
Je me préparais pour aller à l'école.
Attends une minute ! Quel est ce bruit ? “Tiliphonsa!”Maman a appelé, m'indiquant de la main que je devait me baisser.
Immédiatement, je me suis couchée sur le ventre et j'ai commencé à ramper comme un serpent. Cela durait depuis un certain temps déjà. C'était maintenant notre quotidien. Les rebelles tiraient vigoureusement sur tout et n'importe quoi.Ce n'était plus sûr de rester là.
En 2021, le nombre de personnes déplacées comme Tiliphonsa a atteint le niveau le plus élevé jamais enregistré. Les personnes contraintes de fuir leur foyer peuvent demander asile dans des pays étrangers et devenir des réfugiés, ou des déplacés internes, c'est-à-dire déracinées à l'intérieur de leur propre pays. Cela peut arriver à tout le monde. Et quand cela arrive, ces personnes comptent sur l'aide du HCR.
Les personnes relevant de la compétence du HCR comprennent également les apatrides et les personnes récemment rentrées dans leur pays après avoir été forcées de fuir. Toutes sont vulnérables et risquent de se voir privées de leurs droits.
En 2021, le HCR a répondu à 40 nouvelles urgences dans le monde.
“ Notre tâche se développe et se complexifie. Mais nous sommes déterminés à agir, soutenus par un réseau mondial de partenaires en plein essor, et confortés par les importantes réserves d'altruisme, de solidarité et de générosité qui continuent d'exister dans – et peut-être à cause de – notre monde en crise.
-- Filippo Grandi, Haut Commissaire
Lire l'avant-propos du Haut Commissaire dans le Rapport Global.
Immédiatement, maman est allée dans sa chambre en rampant. Elle est ressortie en portant mon petit frère de six mois sur son dos. Dans ses bras, elle a tiré mon sac d'école rempli de quelques vêtements. Elle a attrapé mon bras droit et a murmuré:
“Il faut qu'on sorte d'ici.” J'ai hésité mais je l'ai quand même suivie. C'était un cauchemar, me suis-je dit.
“Et papa ?” J'ai demandé. réticente à l'idée de partir avec elle.
“Tiliphonsa!” a-t-elle crié.
“Pas aujourd'hui, ton père va nous rejoindre. Nous devons rester en vie.”Nous quittions ma maison, le seul endroit que j'avais jamais aimé.
Le HCR travaille dans sept régions, chacune d'entre elles abritant un nombre important de personnes relevant de sa compétence.
Pour en savoir davantage sur le travail du HCR dans chaque région, consulter ci-dessous (en anglais):
Après sept semaines à marcher et à dormir dans la brousse, nous sommes arrivés dans le camp de réfugiés. Une équipe du personnel du HCR nous a reçus. Le camp était très bondé et bruyant.
Il était censé accueillir jusqu'à 10 000 réfugiés, mais il en abrite aujourd'hui près de 40 000. Nous avons reçu une tente, deux couvertures, deux pots, deux assiettes et trois cuillères. Cela semblait temporaire. J'espérais que nous rentrerions chez nous pour nous reconstruire dans quelques mois.
Nous avons réussi à monter une tente. Nous n'avions aucune idée que cet endroit serait désormais notre maison pour les années à venir.
Lorsque des personnes sont contraintes de fuir, elles courent de grands risques. Le HCR s'efforce de faire en sorte qu'elles puissent atteindre un lieu sûr et exercer leur droit légal de demander asile. Leur santé mentale et physique peut être menacée, notamment par les violences de genre. Ils peuvent être séparés de leur famille, ou vulnérables en raison de leur âge, de leur handicap, de leur sexe ou de leur orientation sexuelle. Ces personnes auront besoin de nourriture, d'un abri, de combustible, d'eau, d'installations sanitaires et d'articles de base pour cuisiner, ainsi que d'espèces pour couvrir leurs besoins urgents. Le HCR cherche à les protéger et à défendre leurs droits. En 2021, l'assistance du HCR pour sauver des vies comprenait…
Chaque année, le HCR enregistre de plus en plus de personnes qui ont été forcées de fuir leur foyer, une première étape pour que leur voix puisse être entendue et leurs besoins satisfaits. À la fin de 2021, sa base de données PRIMES comprenait 21,7 millions de personnes, dont près de la moitié avec des enregistrements biométriques.
Quatre mois plus tard, nous avons vu mon père errer dans le camp. Nous étions tous heureux car à présent notre famille était au complet. Il était pâle et maigre. Il venait d'échapper aux rebelles. Ils l'avaient gardé en captivité ces derniers mois.
Les horreurs de son expérience en captivité le hantaient encore, mais il essayait d'être fort pour nous.
Qui croirait que cet homme était autrefois un médecin très respecté chez lui ?
Il avait perdu sa fierté en tant qu'homme. Il ne pouvait plus subvenir aux besoins de sa famille, et il dépendait de l'aide humanitaire pour tous nous faire vivre. Nous avons souffert pour survivre dans le camp. Les rations alimentaires diminuaient chaque jour en raison de l'augmentation rapide de la population.
Le soutien du HCR est vital pour les personnes dont la vie a été bouleversée, comme le père de Tiliphonsa. Cependant, le budget du HCR est sous-financé, ce qui signifie qu'il n'y a pas assez d'argent pour répondre aux besoins modestes des personnes qui ont été forcées de fuir ou qui sont apatrides. La nourriture, les abris, les soins de santé, les installations sanitaires et l'éducation font tous défaut. En 2021, le HCR a budgété des besoins globaux de 9,248 milliards de dollars, mais il n'a reçu que 4,680 milliards, soit un déficit de 44%.
Le HCR s'efforce de collecter davantage de fonds afin de pouvoir répondre aux besoins de personnes comme la famille de Tiliphonsa, et de leur donner les moyens de reconstruire leur vie. Ils comptent sur la générosité des donateurs du HCR, ainsi que sur l'hospitalité de la communauté locale et de l'État où ils ont trouvé la sécurité. De nombreux donateurs donnent généreusement à des causes particulières, tandis que d'autres laissent le HCR affecter ces fonds aux besoins les plus négligés et les plus urgents. Une grande partie de ce type de soutien flexible provient de particuliers et d'entreprises, qui ont donné un montant record en 2021.
Globalement, les plus grands donateurs du HCR sont les gouvernements et les donateurs intergouvernementaux tels que l'Union européenne. En 2021, les principaux donateurs étaient les suivants, avec des niveaux variables de flexibilité dans leur financement:
Après six mois dans le camp de réfugiés, j'ai été inscrite à l'école. Mon père n'a pas pu trouver de travail. Il n'avait aucun document pour prouver son éligibilité, et il ne comprenait pas la langue officielle de ce pays d'accueil. Ma mère avait trouvé un emploi dans le camp comme couturière, elle confectionnait des vêtements.
Il ne suffit pas de répondre aux besoins urgents et vitaux des personnes. Les personnes déplacées et apatrides ont des ambitions et un grand potentiel pour enrichir la société. Le HCR demande aux gouvernements de les inclure dans les systèmes nationaux d'éducation, d'emploi, de santé et de protection sociale. Mais les pays qui accueillent de grandes populations déplacées ont souvent besoin d'aide pour le faire. C'est pourquoi le HCR défend un mouvement mondial pour partager la charge et la responsabilité à l'égard des réfugiés, impliquant non seulement les gouvernements, mais aussi les entreprises, la société civile, les universités et les ONG. Ces différents acteurs se sont réunis dans le Pacte mondial pour les réfugiés en 2018 et lors du Forum mondial sur les réfugiés qui a suivi.
Pour en savoir plus sur ce sujet, ainsi que sur d'autres initiatives globales telles que la réponse du HCR au COVID-19 et son soutien aux personnes déplacées internes, cliquez ici.
Me voici à présent. J'ai terminé mes études, mais je ne peux toujours pas trouver de travail car les politiques de ce pays sont contre l'emploi des réfugiés. La dépression et le désespoir continuent. Il y a des millions de personnes comme moi dans le monde entier. Leur nombre augmente chaque jour parce que des personnes comme moi fuient la violence pour se mettre à l'abri.
Notre statut n'est pas le résultat d'un choix, mais de circonstances indépendantes de notre volonté. Nous nous sommes simplement retrouvés dans cette situation. Cela peut arriver à n'importe qui.
Malgré toute cette souffrance, nous espérons toujours une fin heureuse.
L'un des objectifs fondamentaux est d'établir une vie stable et de mettre un terme définitif au déplacement forcé des personnes – soit en rentrant dans le lieu d'où elles ont fui, lorsque le retour est sûr, soit en s'installant dans le lieu où elles ont fui, soit dans un autre pays.
En 2021, le nombre de réfugiés qui sont rentrés chez eux a augmenté, car les restrictions de voyage liées au COVID se sont atténuées et l'affaiblissement de certains conflits a permis un retour en toute sécurité.
Le nombre de personnes admis en réinstallation dans un nouveau pays, a également remonté depuis 2020, mais il demeure historiquement bas, et bien en deçà du niveau requis pour répondre aux besoins évalués par le HCR.
D'autres ont été intégrés dans les communautés locales, ou ont eu la possibilité d'étudier, de travailler ou de retrouver leur famille dans un autre pays. Mais ces opportunités restent bien trop rares.
Pour les apatrides aussi, les progrès ont été bien trop faibles, et le HCR exhorte les gouvernements à prendre des mesures pour éradiquer l'apatridie au niveau mondial. Le nombre de personnes ayant acquis une nationalité a augmenté en 2021, mais il est resté bien en deçà du niveau requis :
Rencontrez un véritable Tiliphonsa: Radwan
L'histoire de Tiliphonsa illustre la manière dont une fille ordinaire peut devenir une réfugiée et voir sa vie bouleversée par les événements. Cette histoire est fictive, mais elle est représentative de nombreuses véritables expériences. Pour un aperçu personnel de cette expérience, le HCR a demandé à Radwan, un jeune homme dont la famille a été déplacée au Soudan, d'écrire sur sa vie, et de dire quelles actions il aimerait que les dirigeants mondiaux entreprennent pour résoudre sa situation. Vous pouvez lire sa lettre ici.
“L'histoire de Tiliphonsa” a été écrite par Prince Lokendo et illustrée par Lynn Maurer.
Prince est un réfugié volontaire des Nations Unies qui travaille comme assistant à la Section des Rapports et Appels Globaux du HCR. Il est titulaire d'une licence en gestion et d'une licence en travail social. Il aime les histoires visuelles, la musique jazz et se maintenir en bonne condition physique et mentale. “ J'ai toujours voulu être libre et posséder une entreprise, être en mesure de voter pour des présidents”, déclare Prince, qui a écrit l'histoire de Tiliphonsa sur la base d'expériences réelles. Il estime que les gens pensent trop rapidement que l'assistance fournie aux réfugiés rend leurs vies plus faciles. “Ils oublient qu'avant de fuir nos pays, nous avions des biens, des carrières, une dignité, des rêves et la liberté; tout cela est perdu une fois que vous devenez un réfugié. Ce que l'on donne aux réfugiés n'est qu'une fraction de ce qu'ils auraient pu réaliser au cours de leur vie.”
Lynn est une stagiaire en graphisme au sein de la Section des Rapports et Appels Globaux du HCR. De nature créative, elle a récemment obtenu une licence en design graphique et communication. Son inspiration lui vient principalement de ses origines mixtes suisses, françaises et ghanéennes, ainsi que d'artistes tels que Kerry James Marshall. “Je suis vraiment inspirée par son sens de la composition et par la façon dont il raconte efficacement l'histoire des personnages qu'il illustre”, explique Lynn. Elle souhaitait que l'histoire de Tiliphonsa parle d'elle-même et soit aussi proche que possible de la réalité. “Il était important pour moi de dépeindre le récit avec précision et de lui donner vie. C'est une histoire qui pourrait arriver à chacun d'entre nous.”